Pistes de réflexions sur la multidimension de l'être humain au travers des écrits du romancier Thierry Augustin, de travaux de chercheurs, philosophes, scientifiques et de commentaires de films spirituels.
Mike Blueberry (Vincent Cassel, adulte) est marshal. Il revoit dans un voyage intérieur les moments clés de sa vie. Des images de lui plus jeune (Hugh O’Conor) refont surface. Revenu de la Louisiane, il tombe sous le charme de la belle Madeleine (Vahina Giocante), prostituée, tandis qu’il va vivre chez son oncle (Tcheky Karyo).
Alors qu’ils sont dans une chambre d’hôtel, Mike et Madeleine sont confrontés à l’arrivée de Wallas Blount (Michael Madsen) un client habituel de Madeleine. Dans une rixe opposant Mike à Blount, la situation dégénère, provoquant la mort de Madeleine.
Blessé, Mike trouve refuge et soins auprès d’une tribu indienne.
Blount cherche à percer le secret des indiens tandis que Prosit (Eddie Izzard), chercheur de trésor, veut s’emparer de la richesse de la Montagne sacrée. Les deux hommes disposent d’un objectif commun, rejoindre le lieu convoité pour en tirer profit.
Duel spirituel entre Mike et Blount
Après ingestion d’un breuvage proposé par un chamane, Mike et Blount s’affrontent dans une grotte de la Montagne sacrée en territoire Chiricahua.
Libéré d’une culpabilité inconsciente, Mike renait et sort vainqueur d’un duel contre lui-même et Blount. Il peut alors aimer à nouveau et retrouve Maria (Juliette Lewis), fille d’un riche propriétaire terrien.
Nous y voyons une grande originalité scénaristique où les armes sont remplacées par une plante psychotrope qui permet aux protagonistes de s’affronter non pas physiquement, mais spirituellement. La réalisation est époustouflante et nécessite, pour en comprendre toutes les subtilités, d’écouter les commentaires du making off de Jan Kounen. On sort grandi d’un tel film, qui n’enseigne que celui qui est prêt à entrouvrir les portes de sa multi-dimension. Frappez et on vous ouvrira…
Héro : Mike, qui doit combattre ses peurs, échecs et émotions, pour affronter le réel et se surpasser. Dans sa quête, son parcours initiatique le conduit à percevoir les différents niveaux de conscience. Après consommation d’ayahuasca et de chakruna, lors d’un un état de conscience modifié, Mike découvrira qui est à l’origine de la balle tuant Madeleine et renaîtra.
Antagoniste : Blount, qui cultive un certain goût pour la nature mais participe, dans une confrontation finale, à éveiller Mike et lui faire réaliser la nature multi-dimensionnelle de la réalité.
Mentor : Runi. Il enseigne Mike sur les différents niveaux de conscience.
Duel final (incontournable dans un western) entre Wallas et Mike.
Réalisation : au-delà des codes du western (ex tension dramatique dans le saloon avec chanteuse), nous observons un parallèle entre la réalisation de 2001 : l’Odyssée de l’espace au moment de l’arrivée sur Jupiter, et les images vues par Mike après ingurgitation de l’ayahuasca.
Quelques dialogues clés
1h08 :«Ce que nous disent les rêves est difficile à interpréter. Parfois, on peut le faire» : sur la thématique du rêve, je vous propose de parcourir le commentaire du film Inception.
«Tu laisses les créateurs te posséder»: l’hypothèse retenue est celle de créateurs à l’origine de l’humanité.
Mike après ingestion du breuvage
«Laisse l’esprit te guider» : suprématie de l’esprit (cf commentaire d’Inception sur l’homme septuple et Au-delà de nos rêves sur la prééminence du ternaire ou quintessence pour les occidentaux).
1h35 : «Ne laisse ni la peur, ni la colère te guider»
1h38 :«J’ai vécu sous plusieurs formes avant de venir dans ce monde-ci. Je vois pourquoi je suis ici maintenant» : ici, l’hypothèse des renaissances multiples est retenue (incarnations et progression de l’âme sous diverses formes dans la matière afin d’évoluer).
Blueberry, l’expérience secrète, est accompagné d’un remarquable documentaire relatif au monde chamanique, D’autres Mondes, sorti en 2004. Dans ce reportage réalisé par Jan Kounen, nous découvrons les pratiques chamaniques des guérisseurs Shipibo d’Amazonie péruvienne. Celles-ci se caractérisent notamment par l’importance de rituels ayant pour fonction de contacter des esprits défunts : le chant, le sacrifice animal, les pratiques spirituelles, les connaissances psycho-magiques servent alors la guérison. Un élément déterminant dans la pratique chamanique est la consommation de l’ayahuasca, la liane des morts, mélangée au chakruna, plante psychotrope. L’ingestion du breuvage induit un état de conscience modifié chez son consommateur. Dans un processus où le chamane reste un guide indispensable, cette boisson consommée dans la pénombre provoque nausées et visions ayant pour objet d’emmener le consultant vers une guérison physique et spirituelle.
Lors de ce reportage, Jan Kounen recueillera des avis éclairés de chercheurs, philosophes, scientifiques, artistes sur la question du chamanisme. Interviewé, Kary Mullis, prix Nobel de chimie en 1993, révèlera avoir trouvé réponse à ces interrogations lui ayant valu son prix, après consommation de substances psychédéliques.
Une présence forte des 4 éléments :
Terre : désert, vastes contrées
Eau : avant l’entrée dans la grotte et scène final avec Mike et Maria
Air : aigle porteur de la connaissance
Feu : chambre et geôle brûlées, brûlure de Blount
Des visons d’autres mondes où tout semble s’interpénétrer avec une prééminence du serpent…
Nous mesurons tous l’importance de cet animal dans la mythologie et son impact dans la religion chrétienne. Dans l’analyse réalisée sur la temporalité, nous avons remémoré l’importance de l’anagramme Serpent–Présent dans la langue française.
Toutefois, sur la représentation symbolique de l’ophidien, nous devons aller plus loin :
Cultiver l’art de l’ici et maintenant dans une juste présence, c’est intégrer que nous devons, dans chacune de nos incarnations, nous défaire progressivement de l’ego, seconde peau nous engluant dans les abîmes de la matière dense. Ainsi, la mue du serpent peut se comparer à l’évolution de l’homme qui en s’éveillant se transforme, passant ainsi de l’homme animal à l’homme spirituel.
Dans Mathieu 10-16, le Christ invite les apôtres, après les avoir envoyés comme des brebis aux milieux des loups, à se montrer prudents comme les serpents et candides comme les colombes…
Dans l’antiquité, le serpent symbolise sagesse et immortalité bien qu’une connotation négative soit héritée d’une certaine vision de la chute de l’Homme. Le serpent est ainsi, contrairement aux apparences, celui qui enseigne en vue d’accéder au monde archétypal et divin…
Par ailleurs, l’emblème du corps médical est le bâton d’Asclépios (bâton surmonté d’un serpent). Celui-ci est parfois confondu avec le caducée, attribut du dieu Hermès de la mythologie grecque : un bâton ailé surmonté de deux serpents. Cette représentation médicale invite à la réflexion à plus d’un titre : pourquoi une telle symbolique autour du serpent, reprise également dans le cadre de l’éveil de la kundalini et simultanément pour la double hélice d’ADN ? Aussi, les chamanes et consommateurs de l’ayahuasca, en voyant la double hélice (2 serpents), parviendraient-ils à distinguer une molécule commune à l’ensemble des êtres vivants? Accéderaient-ils à un monde où tout s’interpénètrerait, dans lequel, au sein d’ une vision ultime, serait enseignée notre nature réelle demeurant dans l’attente de notre éveil…?
Enfin, à 1h45 de film, le chamane dit à Mike : «Sois attentif à tes pensées et à tes émotions maintenant que tu as vu leur vrai visage».
Certains chercheurs, penseurs, scientifiques, attestent que des entités négatives résidant sur un plan distinct du plan terrestre, se nourrissent des émotions négatives humaines (voir Le choix atlante de Guillaume Delaage, édition Alexandre Moryason).
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